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par Camille Caz » dim. 21 févr. 2010, 15:30
Mais si, souvenez-vous. Il a terminé son avion. Jean-Raoul est sale, il est fier et pavoise devant son monoplan monoplace. Précisément monoplace.
Il faut comprendre la déception des autres sept malheureux oubliés, qui jamais n'auraient pu partir à pied, environnés qu'ils étaient par un forêt peuplée vous savez de quoi, qui purent observer pendant deux ans la construction de l'engin dans lequel ils allaient s'envoler, chacun d'eux plongé dans un rêve où l'on part sans compter les places. Le compte, hélas, se révéla à eux. De la déception, ils passèrent à la colère. Je leur accorde qu'on peut craquer après tant de misères. Jean-Raoul fut obligé de fuir, submergé par leur furie devenue furieuse. Il s'engouffra dans la forêt sans se soucier de quoi elle était peuplée.
Il courut des heures durant, poursuivi par les forcenés qui, se souvenant qu'ils étaient militaires, étaient revenus sur leur pas pour se saisir de leurs armes. Dans sa course pourtant, Jean-Raoul entendit peu de détonations. Sans doute la rouille avait-elle fait son chemin dans le canon des armes.
Harassé, et on sait qu'il l'était déjà avant d'avoir couru, Jean-Raoul sétait arrêté pour tenter de mesurer à quel point il pouvait courir encore. C'est là que Sacrok, le dernier des cannibales, le prit d'abord pour un piquet.
Du coup, on en est toujours là.
Tant pis pour ceux qui se sentent obligés de penser tout le temps, ils n'avaient qu'à être bretons