Je reprends
Résumé des chapitres précédents
Je laisse au lecteur le temps d'imaginer la perplexité de Jean-Raoul Humpty face au dilemme qui se posait à lui. Devait-il autoriser l 'étrange homme des forêts profondes à se mettre aux commandes de son aéronef ? Y avait-il du carburant dans le réservoir ? Y avait-il un réservoir ?
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Qui pourrait le retenir ?
On a vu combien Jean-Raoul Humpty était pourvu d'une exceptionnelle faculté d'adaptation aux circonstances les plus déroutantes mais ce qui produisait l'énergie nécessaire à une telle activité, c'était sa passion du ciel et des moyens pour y parvenir.
Il n'était donc pas question que quiconque prenne place aux commandes de son avion. Cependant la supplique insistante de Sacrok le laissa un instant perplexe. Il se rappela les moments de sa jeunesse où l'on apprend les réponses aux questions qu'on aurait pas posées mais il n'y vit pas le rapport. Néanmoins, l'instant étant écoulé, Jean-Raoul se découvrit déterminé. Il sut qu'il avait la réponse longtemps avant que la question fut posée.
Bref, je reste à ma place qui est celle du pilote, dit-il en fixant le fond des yeux de Sacrok. Personne ne me tirera de là.
Le vieil homme comprit qu'une volonté sans faille s'opposait à ses manifestations d'autorité capricieuse qui lui parurent vaines devant le poids du regard de son fils adoptif. Il s'écarta, attendit immobile que la place lui soit prétée mais Jiérach resta immobile fixant la pale de l'hélice qui se dressait deant lui. Rien ne bougea plus jusqu'à la nuit.
Sacrok céda, l'estomac torturé par la faim. Il partit sans plus tarder à la chasse au porc-épic, l'heure étant propice, quand la brise du soir s'apaise
et calme les âmes.
Jean-Raoul, endurci resta deux heures supplémentaires, sans faillir à l'immobilité, le temps de se demander si son attitude était ingrate et de se répondre que oui peut-être mais non, je veux m'envoler avec mon avion et revenir dans le camp où j'ai grandi avec les mécaniciens et les infirmières. Après, je passerai mon brevet de pilote, puis mon brevet de mécanicien, ça peut servir. Ensuite je volerai. Il faut donc que je vole tout de suite.
Il bougea et sortit. Rapidement, avec la réserve cachée de carburant qu'il avait constituée en puisant aux épaves, il fit le plein du réservoir et accrocha deux jéricanes aux flancs de son avion. Pour répondre à la question précédente, il avait tout prévu. Un dernier brossage de bougies puis il poussa l'avion à l'extrémité de la piste parsemée de cactus. Il était temps qu'il y parvinse car la nuit fut absolue. Pourtant, il tourna l'avion dans la direction du départ, accompagné par les étoiles dans sa démarche hasardeuse. Enfin il fallait bien qu'il mange, il partit à la chasse au porc_épic rendue plus difficile par l'obscurité totale. Mais il revint très vite. Rassasié. Alors il s'endormit au pied de son appareil et les chants et les cris des bêtes de la nuit vinrent accompagner la couleur des ténèbres.
A l'aube il partirait.